Roubaix capitale des magasins d'usine ?
23 novembre 1999
01m 49s
Réf. 00098
Notice
Résumé :
Roubaix développe le "tourisme commercial" avec les magasins d'usine. En 1984 L'Usine ouvrait ses portes et en 1999 Mc Arthur Glen s'installait à son tour, permettant la création de plusieurs centaines d'emplois.
Type de média :
Date de diffusion :
23 novembre 1999
Source :
France 3
(Collection:
JT Europole TV
)
Personnalité(s) :
Lieux :
Éclairage
"Faire renaître Roubaix". Reprenant le mot d’ordre des pouvoirs publics locaux, c’est en ces termes que la directrice de Mac Arthur Glen traduit, dans ce reportage de 1999, les conséquences de l’implantation de son centre de magasins d’usine. L’ambition commerciale est complexe pour ce groupe américain venu s’installer à Roubaix, ancien fleuron du textile français, aujourd’hui ville désindustrialisée dont la population est soumise à l’un des taux de pauvreté les plus élevés de France.
Le reportage s’inscrit, en effet, dans la décennie de la reconversion tertiaire initiée par la Communauté Urbaine de Lille et la municipalité de Roubaix. Alors que la planification de Villeneuve d’Ascq a capté l’implantation des Universités et que Lille bénéficie de l’aménagement du centre d’affaires Euralille dans le sillage de la gare TGV, Roubaix doit s’orienter sur une stratégie commerciale plus spécifique dans un contexte de crise structurelle : au déclin économique s’ajoute un déclin démographique.
Après les premières fermetures d’usines et la destruction de dizaine de milliers d’emplois dans le secteur du textile, les années 1970 et 1980 sont émaillées d’échecs commerciaux et urbanistiques : la fermeture du centre commercial Roubaix 2000, celle de la Galerie de l’Europe, et la fermeture de nombreux petits commerces. Dans les années 1990, la stratégie de la municipalité socialiste vise à redonner une attractivité à Roubaix par le développement d’un centre de magasins de déstockage, dits magasins d’usines. L’ancienne usine de velours Motte-Bossut de la rue A. Motte fermée puis réhabilitée, accueillera le premier centre L’Usine en 1984. En 1999, c’est le groupe Mac Arthur Glen qui construira une "rue" commerçante dans un centre-ville déserté. La municipalité lance alors une communication autour de ces deux centres commerciaux spécialisés. Le slogan "Roubaix, capitale des bonnes affaires" est d’ailleurs le fruit d’un événement commercial initié par les commerces roubaisiens en 2000. A l’instar de Troyes, il s’agit de développer un tourisme de consommation fondé sur le passé industriel de la ville.
La Ville de Roubaix suit ainsi une logique de patrimonialisation en réhabilitant l’usine Motte-Bossut, l’un des châteaux de l’industrie roubaisien pour y accueillir L’Usine. En revanche, c’est un échec urbanistique qui se joue avec l’arrivée de Mac Arthur Glen. Le centre à ciel ouvert est organisé comme une "rue traditionnelle" construite de toutes pièces mais qui "s’apparente en réalité à un décor de théâtre ou de film " (Lamy, 1998), une mainstream ressemblant au célèbre parc d’attraction nord-américain, privatisant l’espace public. Les bonnes affaires y sont surtout réservées à des ménages aisés.
Roubaix avait pourtant une longue histoire de véritables magasins d’usine, les magasins de vente directe situés dans les sites de production. Les derniers magasins Pennel et Flipo et Vanoutryve & Cie fermeront leurs portes avec la délocalisation ou la fermeture de leurs usines en 2002 et 2003. On retrouve aujourd’hui toutefois, nombre de magasins de déstockage, non plus issus des sites de production, mais des stocks des entreprises de VPC (vente par correspondance) : Les Aubaines de La Redoute, Excédence pour les 3 Suisses et Les Défis pour Vert Baudet.
La stratégie commerciale de Roubaix qui s’est poursuivie lors de la requalification du centre-ville (Centre Grand-Rue) s’est aussi articulée à une politique culturelle tournée vers la réhabilitation des friches industrielles et l’attractivité des classes moyennes supérieures : l’ouverture du musée de La Piscine. Roubaix ne produit plus mais vend, des vêtements et de la culture, sans qu’il ait été possible à aucun moment de combler l’écart entre les destructions et les créations d’emplois, les demandes d’emploi de la population locale et les recrutements de salariés de toute la métropole.
Bibliographie :
Le reportage s’inscrit, en effet, dans la décennie de la reconversion tertiaire initiée par la Communauté Urbaine de Lille et la municipalité de Roubaix. Alors que la planification de Villeneuve d’Ascq a capté l’implantation des Universités et que Lille bénéficie de l’aménagement du centre d’affaires Euralille dans le sillage de la gare TGV, Roubaix doit s’orienter sur une stratégie commerciale plus spécifique dans un contexte de crise structurelle : au déclin économique s’ajoute un déclin démographique.
Après les premières fermetures d’usines et la destruction de dizaine de milliers d’emplois dans le secteur du textile, les années 1970 et 1980 sont émaillées d’échecs commerciaux et urbanistiques : la fermeture du centre commercial Roubaix 2000, celle de la Galerie de l’Europe, et la fermeture de nombreux petits commerces. Dans les années 1990, la stratégie de la municipalité socialiste vise à redonner une attractivité à Roubaix par le développement d’un centre de magasins de déstockage, dits magasins d’usines. L’ancienne usine de velours Motte-Bossut de la rue A. Motte fermée puis réhabilitée, accueillera le premier centre L’Usine en 1984. En 1999, c’est le groupe Mac Arthur Glen qui construira une "rue" commerçante dans un centre-ville déserté. La municipalité lance alors une communication autour de ces deux centres commerciaux spécialisés. Le slogan "Roubaix, capitale des bonnes affaires" est d’ailleurs le fruit d’un événement commercial initié par les commerces roubaisiens en 2000. A l’instar de Troyes, il s’agit de développer un tourisme de consommation fondé sur le passé industriel de la ville.
La Ville de Roubaix suit ainsi une logique de patrimonialisation en réhabilitant l’usine Motte-Bossut, l’un des châteaux de l’industrie roubaisien pour y accueillir L’Usine. En revanche, c’est un échec urbanistique qui se joue avec l’arrivée de Mac Arthur Glen. Le centre à ciel ouvert est organisé comme une "rue traditionnelle" construite de toutes pièces mais qui "s’apparente en réalité à un décor de théâtre ou de film " (Lamy, 1998), une mainstream ressemblant au célèbre parc d’attraction nord-américain, privatisant l’espace public. Les bonnes affaires y sont surtout réservées à des ménages aisés.
Roubaix avait pourtant une longue histoire de véritables magasins d’usine, les magasins de vente directe situés dans les sites de production. Les derniers magasins Pennel et Flipo et Vanoutryve & Cie fermeront leurs portes avec la délocalisation ou la fermeture de leurs usines en 2002 et 2003. On retrouve aujourd’hui toutefois, nombre de magasins de déstockage, non plus issus des sites de production, mais des stocks des entreprises de VPC (vente par correspondance) : Les Aubaines de La Redoute, Excédence pour les 3 Suisses et Les Défis pour Vert Baudet.
La stratégie commerciale de Roubaix qui s’est poursuivie lors de la requalification du centre-ville (Centre Grand-Rue) s’est aussi articulée à une politique culturelle tournée vers la réhabilitation des friches industrielles et l’attractivité des classes moyennes supérieures : l’ouverture du musée de La Piscine. Roubaix ne produit plus mais vend, des vêtements et de la culture, sans qu’il ait été possible à aucun moment de combler l’écart entre les destructions et les créations d’emplois, les demandes d’emploi de la population locale et les recrutements de salariés de toute la métropole.
Bibliographie :
- Lamy Caroline, "Les magasins d’usine de Roubaix : entre maintien et mise en scène de l’identité de la ville", rapport du POPSU, GIP l’Europe des Projets Architecturaux et Urbains, PUCA,1998. http://www.popsu.archi.fr/popsu1/lille/projets/roubaix
- David Michel, Duriez Bruno, Lefebvre Rémi, Voix Georges (éds), Roubaix, 50 ans de transformations urbaines et de mutations sociales, 2006, Septentrion, 295 p.
Cécile Vignal